CHAPITRE PREMIER (2)

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– Il semble que dans ces conditions la notification de l’arrestation n’était même pas nécessaire», ajouta K. en approchant encore plus près.

Les autres arrivaient à leur tour. Ils formaient maintenant près de la porte un groupe étroitement serré.

«C’était mon devoir, dit le brigadier.

– Un devoir stupide, dit K. impitoyablement.

– Cela se peut, répondit le brigadier, mais nous n’avons pas de temps à perdre à de tels débats! Je pensais que vous vouliez aller à votre banque. Puisque vous faites attention aux moindres mots, j’ajoute que je ne vous y oblige pas, j’avais seulement cru que vous le désiriez et, pour vous faciliter votre rentrée, pour qu’elle reste aussi inaperçue que possible, j’avais amené ces trois messieurs, qui sont vos collègues, en les priant de se tenir à votre disposition.

– Comment?» s’écria K. en regardant avec étonnement les trois comparses en question.

Ces jeunes gens insignifiants et anémiques, que son souvenir n’enregistrait encore que groupés autour des photos de Mlle Bürstner, étaient effectivement des employés de sa banque, non pas des collègues, c’était trop dire – il y avait déjà là une lacune dans l’omniscience du brigadier – mais c’étaient bien en vérité des employés subalternes de la banque. Comment cela avait-il pu lui échapper? Avait-il fallu que son attention fût accaparée par le brigadier et les inspecteurs pour qu’il ne reconnût pas ces trois jeunes gens! Il y avait là le raide Rabensteiner qui agitait constamment les mains, le blond Kullisch aux orbites creuses, et Kaminer qui, affligé d’un tic nerveux, souriait toujours intolérablement.

«Bonjour, messieurs, dit K. au bout d’un instant, en tendant la main aux trois jeunes gens qui s’inclinaient correctement. Je ne vous avais pas reconnus. Nous allons au travail, n’est-ce pas?»

Les messieurs approuvèrent de la tête en riant et avec beaucoup de zèle, comme s’ils n’avaient pas attendu autre chose depuis le début; mais lorsque K. s’aperçut qu’il avait oublié son chapeau dans sa chambre, ils coururent tous l’un après l’autre le chercher, ce qui témoignait tout de même d’un certain embarras. K. resta là à les regarder par les deux portes ouvertes; le dernier parti avait été naturellement l’indifférent Rabensteiner, qui avait adopté un petit trot élégant, mais de pure forme. Ce fut Kaminer qui rapporta le chapeau, et tandis qu’il le lui remettait, K. était obligé de se dire expressément comme à la banque, pour arriver à se contenir, que le sourire de Kaminer n’était pas intentionnel et que Kaminer ne pouvait même jamais sourire intentionnellement. Dans le vestibule, Mme Grubach ouvrit la porte à tout le monde; elle n’avait pas l’air de se rendre compte de sa faute; les yeux de K. furent attirés, comme toujours, par le lien de son tablier qui coupait son ventre puissant jusqu’à une profondeur vraiment superflue. En bas, ayant regardé sa montre, il décida de prendre une auto pour ne pas augmenter inutilement son retard. Kaminer courut au coin chercher une voiture; les deux autres s’évertuaient visiblement à distraire K. lorsque Kullisch montra soudain le portail de la maison d’en face, où venait d’apparaître le grand homme au bouc blond; un peu gêné dans le premier instant de se montrer dans toute sa longueur, cet homme eut un brusque recul et s’appuya contre le mur. Les vieux devaient se trouver encore dans l’escalier. K. en voulut à Kullisch d’attirer ainsi son attention sur cet individu qu’il avait déjà aperçu et à l’apparition duquel il s’était même attendu.

«Ne regardez donc pas», fit-il sans s’inquiéter de ce qu’une telle observation pouvait avoir de surprenant avec de libres citoyens.

Mais il n’eut pas besoin de s’expliquer, car l’auto venait d’arriver, tout le monde prit place et on fila. Il s’aperçut alors qu’il n’avait pas remarqué le départ du brigadier et des inspecteurs; le brigadier lui avait masqué les employés; maintenant, c’étaient les employés qui lui cachaient le brigadier. Il avait manqué de présence d’esprit et résolut de mieux s’observer à cet égard. Pourtant, il ne put s’empêcher de se retourner encore une fois et de se pencher sur l’arrière de l’auto pour essayer d’apercevoir le départ de ses visiteurs. Mais il se rassit sur-le-champ, sans avoir même tenté de les chercher des yeux, et se rencogna commodément dans la voiture. Malgré les apparences, il aurait eu bien besoin d’être encouragé en ce moment, mais ces messieurs semblaient fatigués: Rabensteiner regardait à droite. Kullisch à gauche, et seul Kaminer restait disponible avec son immuable ricanement au sujet duquel la pitié interdisait malheureusement toute espèce de plaisanterie.

***

Au début de cette année-là, K., qui restait en général jusqu’à neuf heures au bureau, avait coutume, en en sortant, de faire d’abord une petite promenade, soit seul, soit avec des collègues, puis de finir la soirée au café, où il restait jusqu’à onze heures ordinairement à une table réservée en compagnie de messieurs âgés. Mais il y avait des exceptions à ce programme: le directeur de la banque, qui appréciait beaucoup son travail et son sérieux, l’invitait parfois à venir se promener en auto ou à dîner dans sa villa. De plus, K. se rendait une fois par semaine chez une jeune fille du nom d’Elsa, qui était serveuse toute la nuit dans un café et ne recevait, le jour, ses visites que de son lit.

Mais ce soir-là – le temps avait passé très vite grâce à un travail assidu et à une foule de félicitations d’anniversaire aussi flatteuses qu’amicales – K. décida de rentrer chez lui immédiatement.

Il n’avait cessé d’y penser pendant toutes les menues pauses de son travail; il lui semblait, sans trop savoir pourquoi, que les événements du matin devaient avoir causé un grand trouble dans toute la maison de Mme Grubach, et que sa présence était nécessaire pour ramener l’ordre. Sur quoi, toute trace disparaîtrait des incidents de la matinée et l’existence reprendrait son cours normal. Des trois employés de la banque, il n’y avait rien à redouter; ils avaient replongé dans l’océan du personnel et rien ne semblait modifié dans leur attitude. K. les avait convoqués à plusieurs reprises, isolément ou simultanément, pour les observer. Chaque fois il avait pu les lâcher satisfait [4].

Lorsque, à neuf heures et demie du soir, il se retrouva devant sa maison, il découvrit sous la porte cochère un jeune garçon qui se tenait là, les jambes écartées, en train de fumer tranquillement sa pipe.

«Qui êtes-vous? demanda K. aussitôt en rapprochant son visage du jeune homme, car on n’y voyait pas bien clair dans la pénombre du passage.

– Je suis le fils du concierge, monsieur, répondit le garçon qui s’effaça en retirant sa pipe de sa bouche.

– Le fils du concierge? demanda K. en frappant impatiemment le sol du bout de sa canne.

– Monsieur désire-t-il quelque chose? Dois-je aller chercher mon père?

– Non, non», dit K. avec une note d’indulgence dans la voix, comme si le jeune homme avait fait quelque chose de mal qu’il voulût bien lui pardonner. «C’est bon», ajouta-t-il en repartant, mais avant de prendre l’escalier il se retourna encore une fois.

Il aurait pu aller droit dans sa chambre, mais, comme il voulait parler à Mme Grubach, il frappa d’abord à sa porte. Mme Grubach était assise, en train de raccommoder, près d’une table sur laquelle s’amoncelaient de vieux bas. K. s’excusa distraitement de venir si tard, mais Mme Grubach fut très aimable, elle ne voulut pas écouter ses excuses; il savait bien, déclara-t-elle, qu’elle était toujours là pour lui et qu’il était son locataire préféré. K. fit des yeux le tour de la pièce; elle avait complètement repris son ancien aspect: la vaisselle du déjeuner qui se trouvait le matin sur la petite table près de la fenêtre avait déjà disparu. «Que les mains des femmes, pensa-t-il, font de choses sans qu’on les entende»; il eût peut-être brisé cette vaisselle sur place, mais il n’aurait certainement pas pu l’emporter. Il regarda Mme Grubach avec une certaine reconnaissance.

«Pourquoi êtes-vous encore à travailler si tard?» demanda-t-il.

Ils étaient maintenant assis tous deux à la table, et K. plongeait de temps en temps ses mains dans le paquet de bas.

«Il y a tant de travail! fit-elle; dans la journée j’appartiens à mes locataires; si je veux mettre mes affaires en ordre, il ne me reste que le soir.

– J’ai dû vous donner aujourd’hui un gros travail supplémentaire, lui dit-il.

– Et en quoi donc?» demanda-t-elle en s’animant; le bas qu’elle ravaudait resta dans son giron.

«Je veux parler des hommes qui sont venus ce matin.

– Ah! les hommes de ce matin! dit-elle en reprenant son air paisible, mais non, je n’ai pas eu grand mal.»

K. la regarda en silence reprendre son bas à raccommoder… «Elle a l’air, pensait-il, d’être étonnée de me voir aborder ce sujet; on dirait même qu’elle m’en blâme; il n’en est que plus urgent de parler. Il n’y a qu’avec une vieille femme que je puisse le faire.»

«Si, dit-il au bout d’un moment; cette histoire vous a certainement donné du travail, mais cela ne se reproduira plus!

– Mais non, cela ne peut pas se reproduire, dit-elle à son tour en souriant à K. d’un air presque mélancolique.

– Le pensez-vous sérieusement? demanda K.

– Oui, dit-elle plus bas, mais il ne faut surtout pas prendre la chose trop au tragique. Il s’en passe tellement dans le monde! Puisque vous me parlez avec tant de confiance, monsieur K., je peux bien vous avouer que j’ai écouté un peu derrière la porte et que les deux inspecteurs m’ont fait quelques confidences. Il s’agit de votre bonheur, et c’est une question qui me tient vraiment à cœur, peut-être plus qu’il ne convient, car je ne suis que votre propriétaire. J’ai donc entendu quelques petites choses, mais rien de bien grave, on ne peut pas dire. Je sais bien que vous êtes arrêté, mais ce n’est pas comme on arrête les voleurs. Quand on est arrêté comme un voleur, c’est grave, tandis que votre arrestation… elle me fait l’impression de quelque chose de savant – excusez-moi si je dis des bêtises – elle me fait l’impression de quelque chose de savant que je ne comprends pas, c’est vrai, mais qu’on n’est pas non plus obligé de comprendre.

– Ce n’est pas bête du tout, ce que vous dites là, madame Grubach, répondit K. Je suis du moins de votre avis en grande partie, mais je vais encore plus loin que vous; ce n’est pas seulement quelque chose de savant, c’est un néant ridicule. J’ai été victime d’une agression, voilà le fait. Si je m’étais levé à mon réveil, sans me laisser déconcerter par l’absence d’Anna, et si j’étais allé vous trouver sans m’occuper de qui pouvait me barrer le chemin, si j’avais déjeuné pour une fois dans la cuisine et si je m’étais fait apporter par vous mes habits de ma chambre, bref si je m’étais conduit raisonnablement, il ne serait rien arrivé, tout aurait été étouffé dans l’œuf. Mais on est si peu préparé! À la banque, par exemple, je serais toujours prêt, il ne pourrait rien se passer de ce genre; j’ai un boy à moi sous la main, j’ai le téléphone pour la ville et le téléphone pour la banque. Il y a toujours des gens qui viennent, des clients ou des employés, et puis surtout je me trouve toujours en plein travail, j’ai donc toute ma présence d’esprit; j’aurais un véritable plaisir à me retrouver placé là-bas en face d’une pareille histoire. Enfin, passons, c’est une chose finie et je ne voulais même pas en parler; je voulais seulement savoir votre opinion, l’opinion d’une femme raisonnable, et je suis heureux de voir que nous sommes d’accord. Maintenant, tendez-moi la main; il me faut une poignée de main pour me confirmer cet accord.»

«Me tendra-t-elle la main? pensait-il; le brigadier ne l’a pas fait.» Il prit un regard scrutateur pour observer Mme Grubach. Comme il s’était levé, elle se leva aussi, un peu gênée, car elle n’avait pas compris tout ce que K. lui avait expliqué. Et cette gêne lui fit dire une chose qu’elle n’aurait pas voulu et qui venait au mauvais moment:

«Ne le prenez pas si fort, monsieur K.»

Elle avait des larmes dans la voix et elle en oublia la poignée de main.

«Je ne le prends pas fort, que je sache», dit K. soudain lassé, en se rendant compte de l’inutilité des encouragements de cette femme.

À la porte, il demanda encore:

«Mlle Bürstner est-elle là?

– Non», dit Mme Grubach en souriant avec une sympathie en retard, tandis qu’elle donnait ce sec renseignement: «Elle est au théâtre. Lui vouliez-vous quelque chose? Dois-je lui faire la commission?

– Je ne voulais lui dire que quelques mots.

– Je ne sais malheureusement pas quand elle reviendra; quand elle est au théâtre elle ne revient en général qu’assez tard.

– C’est sans importance, dit K., qui se dirigeait déjà vers la porte, la tête baissée, pour s’en aller; je voulais simplement m’excuser auprès d’elle de lui avoir emprunté sa chambre ce matin.

– Ce n’est pas nécessaire, monsieur K., vous avez trop d’égards, la demoiselle n’en sait rien, elle avait quitté la maison de très bonne heure, et tout est de nouveau en place, voyez vous-même.»

Et elle alla ouvrir la porte de la chambre de Mlle Bürstner.

«Merci, je vous crois sur parole» dit K. en allant voir quand même.

La lune éclairait paisiblement la pièce obscure. Autant qu’on pût s’en rendre compte, tout était vraiment à sa place; la blouse ne pendait plus à la poignée de la fenêtre, les oreillers du lit semblaient extrêmement hauts; ils étaient baignés en partie par la lumière de la lune.

«La demoiselle revient souvent très tard, dit K. en regardant Mme Grubach comme si elle en était responsable.

– C’est la jeunesse, dit Mme Grubach sur un ton d’excuse.

– Certainement, certainement, dit K., mais cela peut aller trop loin.

– Eh oui! dit Mme Grubach, comme vous avez raison, monsieur! Et c’est peut-être même le cas! Je ne veux pas dire de mal de Mlle Bürstner, c’est une brave petite, bien gentille, bien aimable, bien convenable, et ponctuelle, et travailleuse; j’apprécie beaucoup tout cela; mais il y a une chose de vraie, elle devrait être plus fière, elle devrait avoir plus de retenue; je l’ai déjà vue deux fois ce mois-ci dans des petites rues, et chaque fois avec quelqu’un de différent; cela me fait beaucoup de peine. Je ne le raconte qu’à vous, monsieur K. Mais je ne pourrai pas éviter de lui en parler à elle-même. Ce n’est d’ailleurs pas la seule chose qui me la fasse suspecter.

– Vous faites complètement fausse route, dit K. furieux et presque incapable de dissimuler sa colère; d’ailleurs, vous vous êtes visiblement méprise sur le sens de ma réflexion au sujet de cette demoiselle. Je ne voulais pas dire ce que vous avez pensé; je vous conseille même franchement de ne pas lui parler du tout; je la connais très bien; il n’y a rien de vrai dans ce que vous disiez. Mais peut-être vais-je trop loin, je ne veux vous empêcher de rien faire, dites-lui ce que vous voudrez.

– Mais, monsieur K., dit Mme Grubach, en le suivant jusqu’à la porte qu’il avait déjà ouverte, je n’ai pas du tout l’intention de parler encore à la demoiselle; il faut d’abord naturellement que je l’observe davantage; il n’y a qu’à vous que j’aie confié ce que je savais. Après tout, c’est dans l’intérêt de tous les pensionnaires si l’on veut tenir leur pension propre! Est-ce que je cherche à faire autre chose?

– Propre! jeta encore K. par l’entrebâillement de la porte; si vous voulez tenir la pension propre, il vous faut commencer par me donner congé…»

Puis il referma brutalement; on frappa encore légèrement, mais il ne s’en inquiéta pas.

Pourtant, comme il n’avait aucune envie de dormir, il décida de ne pas se coucher; cela lui fournirait en même temps l’occasion de constater l’heure à laquelle rentrerait Mlle Bürstner. Peut-être pourrait-il alors échanger encore quelques mots avec elle, si déplacé que ce pût être. Tout en regardant par la fenêtre, il pensa même un moment dans sa fatigue à punir Mme Grubach en décidant Mlle Bürstner à donner congé avec lui, mais l’exagération de ce procédé lui apparut aussitôt et il se soupçonna de chercher à quitter l’appartement à cause des événements du matin. Rien n’eût été plus fou ni surtout plus inutile et plus méprisable [5].

Quand il fut las de regarder la rue vide, il se coucha sur le canapé après avoir entrouvert la porte du vestibule pour pouvoir identifier du premier coup ceux qui rentreraient. Il resta là à fumer un cigare jusque vers onze heures. Puis, n’y tenant plus, il alla se promener un peu dans le vestibule comme s’il pouvait hâter par là l’arrivée de Mlle Bürstner. Il n’avait pas grand besoin d’elle et ne pouvait même pas se la rappeler très bien, mais il avait décidé de lui parler et il s’impatientait de voir qu’elle dérangeait par son retard la régularité de sa journée. C’était aussi la faute de Mlle Bürstner s’il n’avait pas dîné ce soir-là et s’il n’était pas allé voir Elsa dans la journée comme il se l’était promis. À vrai dire, pour rattraper le dîner et la visite, il n’aurait qu’à se rendre au café où Elsa était employée. C’était ce qu’il ferait dès qu’il aurait parlé à Mlle Bürstner.

Onze heures et demie étaient déjà passées quand il entendit un pas dans l’escalier. Tout absorbé par ses pensées il allait et venait dans le vestibule aussi bruyamment que dans sa propre chambre; en entendant monter il se trouva surpris et se réfugia derrière sa porte; c’était bien Mlle Bürstner qui revenait. En refermant la porte d’entrée elle jeta avec un frisson un châle de soie sur ses frêles épaules. Elle menaçait à chaque instant de retourner dans sa chambre où K. ne pourrait naturellement plus la voir après minuit; il fallait donc qu’il lui parlât immédiatement. Malheureusement il avait oublié de faire de la lumière chez lui; s’il sortait de cette pièce obscure il aurait l’air de vouloir sauter comme un brigand sur la jeune fille et lui ferait certainement grand-peur. Ne sachant que faire, comme il n’y avait plus de temps à perdre, il appela à voix basse par l’entrebâillement de la porte:

«Mademoiselle Bürstner.»

On eût dit d’une prière plutôt que d’un appel.


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